 SAINT CRISPIN de VITERBE Capucin (1668-1750)
Crispin de Viterbe eut pour parents de pauvres ouvriers. Sa mère lui inspira, dès ses premières années, une grande dévotion à Marie : " Voilà ta vraie Mère, " lui avait-elle dit, en le conduisant à son autel. Le pieux enfant fut placé chez un de ses oncles qui était cordonnier ; le samedi soir, avec le petit salaire de la semaine, Crispin allait acheter un bouquet pour la Sainte Vierge.
La vue de plusieurs Capucins décida sa vocation : il avait vingt-cinq ans. Quoique faible de santé, Crispin, dans le couvent où il fut admis, suffisait à tout : il bêchait le jardin, allait à la quête, soignait les malades. Un religieux infirme, plein d'admiration pour lui, disait : " Frère Crispin n'est pas un novice, mais un ange. "
Dans tous les couvents où il passait, Crispin dressait à son usage un petit autel à Marie. Un jour qu'il y avait placé deux belles fleurs, elles furent volées par deux petits espiègles. Peu après, un religieux lui donna deux cierges ; le bienheureux les alluma et sortit pour cueillir des légumes dans le jardin ; le religieux qui les avait donnés les ôta, et se cacha pour voir ce qui arriverait. À son retour, Crispin, attristé, se plaignit à Marie : " Comment ! Hier les fleurs et aujourd'hui les cierges ! Ô ma Mère, vous êtes trop bonne ; bientôt on vous prendra votre Fils dans les bras et vous n'oserez rien dire ! "
Quand on le plaignait de son excès de travail, il disait en riant le mot de saint Philippe de Néri : " Le Paradis n'est point fait pour les lâches ! " Un jour, la maladie sévit dans un couvent : " Voulez-vous risquer votre vie et aller soigner vos frères ? lui dit son supérieur. Voulez-vous ? reprit Crispin ; j'ai laissé ma volonté à Viterbe, en entrant chez les Capucins. " Il guérit tous les malades du couvent et revint lui-même en parfaite santé.
Il aimait beaucoup les fonctions de frère quêteur et se plaisait à s'appeler l'âne des Capucins. Si, pour l'éprouver, on l'accablait d'injures : " Dieu soit loué! s'écriait-il ; on me traite ici comme je le mérite." Sa charmante humeur l'a fait appeler le Saint joyeux.
Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950.
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